Page:Henri Poincaré - Électricité et optique, 1901.djvu/52

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de l'éther lumineux. Dans les gaz et dans l'éther, l'énergie poten- tielle dépend seulement des positions relatives des molécules et non de leur position absolue dans l'espace ; par suite il n'y a pas réaction élastique quand un de ces fluides se déplace sans se déformer. Il en est tout autrement pour le fluide inducteur. Tout se passe comme si chacune des molécules de ce fluide était attirée proportionnellement à la distance par sa position d'équi- libre normal. Il résulterait de la que si l'on donnait à toutes ces molécules un même mouvement de translation sans que leur situation relative variât, l'élasticité n'en devrait pas moins entrer en jeu. Cette élasticité toute particulière que doit posséder le fluide inducteur paraît difficile à admettre. On ne conçoit pas comment le point mathématique où se trouve une molécule de fluide inducteur en équilibre normal, pourra agir sur cette molécule pour la ramener à sa position d'équilibre quand une cause électrique l'en aura déplacée. On concevrait plus facile- ment que ce sont les molécules matérielles du diélectrique qui agissent sur les molécules du fluide inducteur pénétrant le milieu pondérable. Mais cette hypothèse ne lèverait pas toutes les difficultés, car elle n'expliquerait pas l'élasticité du fluide induc- teur répandu dans le vide. En outre, l'action dela matière sur le fluide inducteur entraînerait l'existence d'une réaction de ce fluide sur la matière ; or, on n'a constaté aucune manifestation de cette réaction. 36. — On pourrait encore supposer l'existence de deux fluides inducteurs se pénétrant et dont les molécules de l'un agiraient sur les molécules de l'autre dès qu'elles seraient dérangées de leurs positions d'équilibre normal. Mais si cette hypothèse a l'avantage de ramener l'élasticité spéciale au fluide inducteur à l'élasticité telle qu'on la conçoit ordinairement, elle a l'inconvé- nient d'ètre plus compliquée que celle de l'existence d'un seul fluide. Aussi croyons-nous que l'hypothèse du fluide inducteur de Maxwell n'est que transitoire et qu'elle sera remplacée par une autre plus logique dès que les progrès de la Science le permet- tront. On peut nous objecter que Maxwell n'a pas introduit cette hypothèse du fluide inducteur ; mais, comme nous l'avons dit au commencement de ce chapitre, si le mot n'est pas dans l'ou-