Page:Henri Poincaré - Dernières pensées, 1920.djvu/56

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lement nous ne pouvons connaître la position absolue d’un objet dans l’espace, de sorte que ce mot, « position absolue d’un objet », n’a aucun sens et qu’il convient de parler seulement de sa position relative par rapport à d’autres objets ; mais le mot « grandeur absolue d’un objet », « distance absolue de deux points », n’a aucun sens ; on doit parler seulement du rapport de deux grandeurs, du rapport de deux distances. Mais il y a plus : supposons que tous les objets soient déformés suivant une certaine loi, plus compliquée que les précédentes, suivant une loi tout à fait quelconque et qu’en même temps nos instruments de mesure soient déformés suivant la même loi ; de cela non plus nous ne pourrions pas nous apercevoir, de sorte que l’espace est beaucoup plus relatif encore qu’on ne le croit d’ordinaire. Nous ne pouvons nous apercevoir que des modifications de forme des objets qui diffèrent des modifications simultanées de forme de nos instruments de mesure.

Nos instruments de mesure sont des corps solides ; ou bien ils sont formés de plusieurs corps solides mobiles les uns par rapport aux autres et dont les déplacements relatifs nous sont indiqués par des repères placés sur ces corps, par des index se déplaçant sur des échelles graduées, et c’est précisément en lisant ces indications qu’on se sert de l’instrument. Nous savons donc si notre instrument