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IX
introduction

leurs une terrible gêne qui arrêterait promptement leur carrière. Quand on se mesure à un idéal un peu élevé, on ne peut que se trouver petit.

Il serait fâcheux que cette modestie engendrât la méfiance de soi-même qui serait un obstacle à toute entreprise de longue haleine. Heureusement les savants les plus défiants de leurs forces ont confiance dans leurs méthodes ; la plupart même se rendent compte de ce qu’ils peuvent attendre de leurs propres facultés, et s’ils ne songent pas à s’en faire une parure dont ils chercheraient à tirer vanité, ils les aiment comme un utile instrument.

De là cette bonhomie que l’on remarque chez beaucoup de savants ; ils sont accueillants parce qu’ils ne cherchent pas à faire parade de leur supériorité, cependant que la vague conscience qu’ils en ont entretient chez eux une éternelle bonne humeur. Ils sont optimistes parce que leur passion leur donne des joies fréquentes, en leur épargnant