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Page:Henri Poincaré - Savants et écrivains, 1910.djvu/291

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même tronc, cela ne leur semble pas naturel. Comment un enseignement qui produit de pareils savants pourrait-il faire de braves soldats ou de véritables praticiens ? Comment un enseignement qui donne de si bons soldats pourrait-il faire des savants sérieux ? Nous pourrions leur répondre par les résultats, en leur montrant la liste que je citais tout à l’heure et à laquelle il serait aisé d’adjoindre bien d’autres noms. C’est ainsi qu’au philosophe éléate qui niait la possibilité du mouvement, le cynique répondait par la démonstration expérimentale : en marchant.

Je ne sais si cela suffirait pour les convaincre. Je vous concède le passé, diraient ils, mais le siècle a marché ; la Science s’est accrue et est devenue un fardeau trop lourd qu’il est indispensable de partager ; la division du travail, chère aux économistes, s’impose irrésistiblement et l’Université elle-même, obligée de parquer nos enfants, dès leur âge le plus tendre, dans les catégories A, B, C, D, nous a avertis qu’il faut se spécialiser de bonne heure.

Et ils en diraient bien long encore ; car il