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SAVANTS ET ÉCRIVAINS

Vint l’âge de la bifurcation, car à cette époque notre enseignement secondaire n’était pas encore une fourche à quatre dents. Sully opta pour les Sciences. Ce fut un étonnement mêlé de regrets pour beaucoup des amis de sa famille, surtout pour un vieux magistrat, lettré délicat, qui ne put s’empêcher de lui faire des remontrances. Il avait déjà donné des preuves de talent littéraire, il venait d’écrire pour une comédie de salon un joli prologue en vers ; mais il se rendit aux conseils de son maître de pension.

L’étude des sciences laissa sur son esprit une empreinte profonde ; non seulement il vit s’ouvrir des horizons nouveaux, mais il devint de plus en plus incapable de se contenter de l’à peu près. Cette étude, il la fit sérieusement et avec succès. On sera peut être étonné d’apprendre qu’il a laissé un volumineux manuscrit sur la philosophie des mathématiques ; on dirait vraiment qu’il cherchait d’avance à justifier ma présence ici dans la mesure du possible.

Il se destinait à l’École Polytechnique, mais il ne subit pas les épreuves, car une