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SAVANTS ET ÉCRIVAINS

et plus haute ; ce qu’il y retrouve, ce n’est peut-être pas lui-même tout entier, c’est du moins ce qu’il y a de meilleur en lui.


· · · · · · · · · · · · Ma vie y sera toute,
La tienne aussi, lecteur · · · · · · · · · · · ·


Nos grandes douleurs commencent par de vives tortures qui se calment peu à peu et s’achèvent en de longues tristesses ; le prisonnier finit par s’accoutumer à l’horreur de sa prison et n’en sent plus que l’ennui.


Je sanglotais alors, je soupire aujourd’hui


a dit Sully dans le Pardon. Pour lui, il nous parlera des soupirs plus volontiers que des sanglots ; il chantera les timidités du cœur, les lentes souffrances du silence, les douleurs qui se taisent et qui ne guériront pas. Si le déchaînement de la tempête a sa grandeur, on peut préférer la mélancolie apaisée de ces journées grises qui suivent les grands orages et dont la lumière fine et douce est propice aux analyses délicates.

Confiant dans son génie, le poète de 1830 laissait l’imagination vagabonder à l’aise.