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SAVANTS ET ÉCRIVAINS

Adieu, laissez mon cœur dans sa tombe profonde
Mais ne le plaignez pas, car s’il est mort au monde,
Il a fait son suaire avec un pan du ciel.


Et puis l’image qu’il a gardée restera encore jeune, quand la vieillesse aura flétri la beauté.


Tout l’or de vos cheveux est resté dans mon cœur


Et c’est pourquoi il ne demande qu’à pardonner :


Que je pardonne à l’âme en souvenir des yeux.


Il pardonne en effet, et c’est elle sans doute que le Faustus du Bonheur retrouve, sous le nom de Stella, transfigurée dans une planète meilleure ; c’est elle qui l’attendra dans l’autre vie :


Et tu m’y souriras la première, peut-être,
Ô toi qui sans m’aimer as su que je t’aimais.


Nous retrouvons aussi, dans ses vers, les échos de la crise religieuse qui a ébranlé son âme d’adolescent. Il était né dans une famille pieuse, mais la foi naïve et tendre qu’elle lui avait donnée, fut ébranlée de bonne heure par une éducation scientifique qui lui apprenait à se demander sans cesse pourquoi.