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SAVANTS ET ÉCRIVAINS

nuit, où lui-même, à Lyon, avait été envahi par une lumière aussi éclatante, mais plus fugitive, et ce souvenir éveillait en lui des regrets.

« Ah, disait-il, combien, en dépit de ses tourments, son sort pourrait tenter ceux qui, non moins affamés que lui de vérité, de justice et d’amour, désespèrent de s’en jamais rassasier. » Mais à ces regrets, il ne s’abandonnait pas ; il comprenait que l’homme ne peut, malgré tout, « accepter de s’endormir et de rêver qu’il croit. » L’abdication de la raison était à ses yeux une déchéance, et dût-il se condamner à éternellement ignorer le repos, il ne voulait pas se diminuer en sacrifiant l’une des deux forces qui se disputaient son âme.

La raison a ses limites, elle ne peut connaître que le relatif, mais dans son domaine elle reste souveraine ; la foi de Pascal lui demandait bien d’autres sacrifices et Sully n’y voulait pas consentir ; par une analyse très fine des formules dogmatiques, il croyait reconnaître qu’elles ne sont pas seulement des mystères écrasants pour notre intelli-