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SULLY PRUDHOMME

gence déchue, mais qu’elles sont vides de sens à force d’être contradictoires, et il se demandait comment cette vérité aurait échappé à Pascal, s’il ne s’était pas volontairement voilé les yeux. S’il n’avait pas abordé la question du mouvement de la Terre, celle de l’authenticité des Livres Saints, était-ce parce qu’il avait peur de trop voir ? De là un jugement qui reste malgré tout bien surprenant : « Pascal n’est pas un héros. » Était-ce là la véritable conclusion de l’ouvrage ? Non, sans doute, puisqu’on pourrait en arracher cette page sans que l’unité du livre en souffrît ; il ne resterait plus que des élans de sympathie, aboutissant à cette exclamation finale « Ici-bas faire le bien par le sacrifice de l’égoïsme à l’amour, et au delà ressusciter en Dieu même, quelle récompense, quel rêve ! »

Sully Prudhomme ne goûtait pas les beaux-arts comme un simple amateur ; il s’amusait à modeler ; il a laissé de petits médaillons qui reproduisent les traits de sa mère et de ses amis ; nous avons aussi des albums où, pendant ses voyages en Italie et en Hollande, il a copié au crayon ou à la plume certaines