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histoire



JEAN DE ROUGEMONT.


Sa naissance ne fut pas étrangère à son élévation car il appartenait à la noble famille de Rougemont qui donna trois archevêques à Besançon. La misère des temps et les embarras financiers dans lesquels il trouva l’abbaye, traversèrent les intentions qu’il avait pour le bien. Ce qui honore le plus sa mémoire c’est l’affranchissement des habitans de Montigny-le-Roy, en 1345. On sait qu’à cette époque, l’esclavage étendait son vaste réseau sur toute la France. Il fallait que la religion chrétienne descendît des cieux pour réhabiliter les esclaves dans toute la dignité humaine. Avant 1345, on avait déjà vu quelques affranchissemens partiels celui-ci fit grand bruit dans tout le pays. L’affranchissement de Venousse, accordé l’année suivante, indiqua une résolution toute d’humanité, dictée aux abbés par la religion chrétienne. Les seigneurs comprirent que bientôt la nécessité leur arracherait des grâces semblables, s’ils ne la prévenaient par des concessions généreuses. Le christianisme était parvenu à mettre la société en voie de progrès. Sans lui, sans les idées de charité qu’il émettait dans le monde, le despotisme finissait inévitablement par s’acclimater en France et dans la vieille Europe.

Voici les principales clauses de l’acte d’affranchissement de Montigny-le-Roy. On verra, avec étonnement, jusqu’où les abbés avaient étendu la