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en 1527, par Jacques de Jaucourt, aussi abbé, à très-haute et très-puissante dame madame la Doherie, comtesse de Tonnerre, vicomtesse de Tollard, et dame de Celle. P. 597.Cependant, en 1627, Jean de Saulx, vicomte de Tavanne et de Ligny, ayant fait signifier à l’abbé Charles Boucherat, l’acte de réception faite à la comtesse Jeanne, voulait obtenir les mêmes honneurs. Comme l’abbé était absent, le prieur, qui avait pris ses ordres, contesta l’authenticité de cet acte, fit observer que la date en avait été biffée, qu’elle était d’une main différente de celle qui avait écrit l’acte, et que les successeurs de l’abbé de Bienville n’y avait point ajouté foi. En conséquence, il refusa l’acte d’hommage qui demeura annulé, quoiqu’on l’eût rendu depuis deux cents ans. Un pareil refus au quinzième siècle eût soulevé une guerre désastreuse dans toutes les terres de l’abbaye. Au dix-septième siècle, les foi et hommage rendus aux seigneurs n’étaient plus que de vaines formalités.

Cette victoire des comtes de Tonnerre fit connaître aux religieux combien ils étaient déchus de cette puissance morale dont ils avaient joui. Ils eurent beau invoquer leurs droits passés, les statuts de leur fondation ils ne purent échapper au crédit puissant de ces comtes. Autrefois ils marchaient pleins de force et de vertus au milieu de pouvoirs incertains et divisés. La sainteté de leur vie, leur science ecclésiastique et latine commandaient le respect à leurs voisins qui les enrichissaient à l’envi. Aujourd’hui, ils ne sont pas les seuls savans, et la religion monastique n’est plus si nécessaire. Mille pouvoirs nouveaux se sont élevés à côté d’eux. Ils deviennent