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de l’abbaye de pontigny.

remplacent ; mais qui lui rendra ses couvens répandus dans l’Allemagne, dans la Hongrie, dans l’Angleterre surtout, et dans l’Écosse. Ces états sont devenus en partie protestans. Auparavant l’Europe ressemblait à une vaste association catholique dont la centre était à Rome. Des souverainetés jalouses de leur pouvoir, ont surgi de toutes parts, et n’ont plus aimé à marcher avec confiance sous la bannière commune du catholicisme. Chaque royaume, même en restant catholique, s’est comme armé de précautions, de défiance contre la suprématie catholique. Aussi la religion éclaire, instruit, enseigne mais ne gouverne plus la terre. Le cœur souffre en voyant cette religion catholique, qui a civilisé et gouverné l’Europe pendant tant de siècles, qui a fait le bonheur des populations,sans cesse harcelée par le pouvoir temporel, qui semble vouloir lui arracher une à une toutes ses prérogatives.C’est pourquoi, à mesure que nous avançons dans les temps modernes, on voit les ordres monastiques s’effacer et s’annuler devant le pouvoir civil., Bientôt il faudra à l’abbé une ordonnance royale pour faire une coupe dans ses bois ; il faudra également un arrêt du Conseil d’état pour mettre la réforme dans l’ordre. Tel est le sort commun des institutions de la vieille France ; elles vont s’amoindrissant sans cesse entre les mains de l’historien ; il en fut ainsi de la noblesse, du clergé, des communes, des parlemens. Une décadence lente et morne les décompose insensiblement, et en marchant vers le dénoûment, on n’a même à raconter ces peripéties éclatantes, ces