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de l’abbaye de pontigny.

étaient oubliées ou perdues, parce qu’on ignorait les droits de l’abbaye. On tombait également dans l’embarras, lorsqu’il fallait répondre aux attaques de la chicane. L’abbé Calvairac fit venir à Pontigny dom Robinet, religieux de Châlis, et le chargea de mettre les titres en ordre et de les transcrire. Ce moine, laborieux et intelligent, y travailla pendant douze ans. Tous ces titres, précieux pour les villages voisins, à cause des souvenirs historiques qu’ils renferment, sont encore conservés à Pontigny, transcrits en quatre volumes in-8o par l’abbé Depaguy[1].

L’esprit de l’abbé Calvairac s’affaiblit pendant les dernières années de sa vie. Bientôt il ne fut plus qu’un enfant, devenu le jouet des ambitieux qui l’environnaient. Un dom Terlonge, célérier, s’empara de l’argent ; un dom Grillot, prieur, se fit résigner l’abbaye. Ce procédé n’étant pas reçu dans l’ordre, il donna sa démission pure et simple, en 1742 : comme son esprit adroit et insinuant avait préparé les esprits, il fut immédiatement élu selon les canons.

Grillot, devenu le maître, chassa son prédécesseur de ses appartemens, sans égard pour le respect qui lui était dû : son esprit affaibli ne sentait pas la dureté qu’il éprouvait. On a conservé de lui un trait qui fait bien l’éloge de sa charité. On le promenait

  1. Ces titres se trouvent surtout dans le deuxième et le troisième volume ; le premier renferme une Notice des abbés, le nom de toutes les maisons de la filiation de Cîteaux, le tableau de son gouvernement, et l’exordium parvum de l’Ordre. Le quatrième contient quelques chartes, et surtout le règlement de l’Ordre.