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histoire

ajourna tout-à-fait l’achèvement de l’église. Toute cette petite ville fut dévorée par les flammes, et n’offrit bientôt plus qu’un monceau de cendres. On ne peut ni peindre, ni même se figurer par l’imagination, tout ce que cet incendie présenta d’horrible et de désespérant, surtout dans un temps où la plupart des maisons étaient en bois et dont il ne resta que la place. Outre l’église, on montre encore trois maisons situées en différens quartiers, que les flammes ont épargnées, et on a remarqué comme un fait extraordinaire, que ces trois maisons avaient au-dehors une niche où se trouvait une statue de la sainte Vierge. Les habitans établirent alors en forme de vœu, une procession annuelle, pour supplier le Seigneur d’éloigner de dessus leurs têtes une aussi déplorable calamité ; ce qui s’observe encore religieusement, chaque année, le 14 d’octobre. Vers l’an 1720, tout le nord de la ville qui s’étend entre le château et la maison de Marguerite de Sicile devint encore la proie des flammes. Le feu prit par l’imprudence d’un particulier, qui tirait des coups de fusil pour faire les honneurs d’une noce.

Ces calamités ruinèrent le commerce, les manufactures se trouvèrent anéanties, beaucoup d’habitans émigrèrent, de sorte qu’aujourd’hui la population est réduite à moitié de ce qu’elle était alors. Ce décroissement est constaté indirectement dans une pétition que les habitans de Ligny présentèrent au chapitre de Langre, le 25 avril 1653, pour le supplier de placer à Ligny un vicaire perpétuel, désigné comme pasteur, et six prêtres pour l’aider dans le service de la paroisse. Ils exposèrent que la ville renfermait