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histoire

le sommeil. Un officier de gendarmerie distribue les gardes nationaux autour de Maligny, et indique à chaque officier les maisons où ils doivent entrer de vive force. Un coup de fusil donne le signal de l’attaque ; on pénètre dans Maligny, on enfonce les portes des factieux, et on se saisit de leurs personnes. Tremblay, le principal artisan de la révolte, homme d’une force et d’une taille athlétique, s’était armé de toute pièce, résolu à vendre chèrement sa vie, si on cherchait à l’enlever. Comme il n’avait point pris de repos depuis trois jours, il était couché et sans vêtemens. Tout-à-coup on enfonce sa porte et on court à son lit ; il n’eut que le temps de saisir un fusil, qu’on ne put jamais lui arracher des mains. Néanmoins sa maison est remplie de gardes nationaux ; on le garrotte, et on l’emmène avec les autres. Pendant la journée, la garde nationale de Saint-Florentin vint, par sa présence, relever le courage de celle de Ligny et de celle de Chablis, qui n’étaient pas sans crainte. Traduits devant les tribunaux, les principaux auteurs de la révolte, au nombre de neuf, furent condamnés aux galères, deux à perpétuité, trois à cinq ans, et quatre à trois ans.

Vers 1810, en plantant une vigne, on trouva, à peu de distance de Maligny, sur la route de Chablis, trois tombeaux en pierre, pareils à ceux des Baudières, et recouverts d’une longue dalle. On a trouvé dans l’un d’eux une partie de la lame et de la poignée d’un sabre. Une légère couche de poussière noire était tout ce qui restait des corps qu’on y avait déposés.