Nous prenons ensuite le sentier de Caulaincourt, dont l’entrée est indiquée par un puits prés duquel on voit, à droite, un emplacement entouré d’une grille et planté de cyprès ; c’est la tombe du maréchal NEY (259). On n’y voit aucune inscription ; quelques rosiers seulement indiquent la place où repose le brave des braves.
Michel NEY justifia cent fois le glorieux surnom que lui avait donné l’armée tout entière ; mais sa tête, malheureusement, était moins forte que son cœur, lorsque Napoléon, dont il avait approuvé la déchéance, débarqua en France, il promit à Louis XVIII de ramener l’usurpateur dans une cage de fer, et fut l’un des premiers à se jeter dans ses bras. A la rentrée des Bourbons, il fut condamné à mort par la cour des pairs, et mourut comme il avait vécu, en disant aux soldats : « Vive la France ! Camarades, droit au cœur ! » — C’était une nature de fer, âpre à la fatigue, et qui ne devait disparaître que dans le tourbillon d’un champ de bataille. Quand sa physionomie, empreinte de franchise, s’animait tout à coup au choc d’une pensée rapide, le génie rayonnait sur son front puissant. Tout en lui respirait alors l’allure supérieure d’une volonté sûre de se faire obéir.
Il y a des victimes que la postérité contemple avec un immense intérêt, parcequ’elles résument la gloire et les infortunes de leur temps. Ney est une de ses victimes : on peut s’étonner de sa versatilité ; mais on s’incline devant la grandeur de ses derniers moments. Il mourut en héros laissant un de ces noms qui éblouissent les siècles.
À côté de Ney, nous voyons sur le sentier le sarcophage en pierre du fameux MERLIN de Thionville, l’ancien ami de Marat et de Robespierre (258).
MERLIN de Thionville, associé à Camille Desmoulins, fonda sous la terreur un journal avec cette épigraphe : « Il n’y a pas de victime plus agréable aux Dieux qu’un roi immolé ! » On le voyait constamment alors avec Saint-Just, Couthon et autres fameux révolutionnaires. A la Convention, il voulut jouer le rôle de Brutus avec l’âme de Ma-