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logique des anciens sages et du renoncement des anciens dévots[1]. Il groupa autour de lui une communauté de moines, qu’il dirigea dans l’obéissance, la chasteté, la pauvreté et la contemplation : mendier humblement sa nourriture, chaque jour, de porte en porte du village ; passer le reste du temps en méditations et en œuvres pies ; se confesser publiquement de ses moindres fautes, à époques régulières, et subir les pénitences graduées par un code minutieux : telles sont les observances qui distinguent le clergé du Saṅgha, de l’Église bouddhique. Au tour de lui se groupent les laïques pieux, à qui l’on ne prescrit guère autre chose qu’une morale très pure et l’obligation d’entretenir par leurs dons le couvent qui leur dispense les grâces de la parole divine.

Toute cette organisation, bien entendu, est censée remonter au Buddha lui-même ; il est trop clair, pourtant, que dans sa vie, quoique longue, il n’a eu le temps que d’en esquisser les premiers rudiments. Ce qui relève de lui incontestablement, c’est cette religion sans rites, sans sacrements, presque sans Dieu, — encore que tous les dieux du brahmanisme

  1. Le premier commandement du bouddhisme est de « n’attenter à aucune vie ». Il doit être entendu dans le sens absolument strict : le lièvre qui va se jeter au feu pour s’immoler à autrui, dans la fable bouddhique, commence par se secouer trois l’ois, pour se défaire de sa vermine, de peur de la brûler (Jâtaka 316).