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ÇIVA 115

pelle tout bonnement Çacî*. La fantaisie inventive et sensuelle des Hindous se plut à ces créations. Les Qoms les plus anciens de l'épouse de Çiva appa- raissent dès les Brâhmanas: c'est Umâ, ou Durgâ « l'inaccessible », ou Pârvati ci la montagnarde », mi simplement Dêvî « la Déesse ». Sinistre comme lui, elle joue pourtant parfois un pôle intercesseur ; mais au foml elle est lui, il est elle, et leur fusion en un corps, tout comme le linga (phallus) dévotement porté par leurs adorateurs, n'est qu'un symbole risqué du grand mystère <lo, la nature l'invocation à Vénus d'un Lucrèce ignoré.

Plus le symbole est parlant, plus la foule a de chances de le comprendre à rebours : illuminisme et obscénité, la religion de Ci va avait tout ce qu'il fallait pour dégénérer très vite en culte orgiastique et s'abîmer dans la boue. Ceux qui la prenaient au sérieux pensaient, comme les illuminés <le tous les temps, que, quand l'âme s'unit à Dieu, les gestes du corps, quels qu'ils soient, ne la souillent plus. D'autres le pensaient probablement, sans même la prendre au sérieux : beaucoup de voyants çivaïtes devaient être de vulgaires charlatans, Un drama- turge pracril du IX e siècle de notreèreen introduit un qui, les jambes flageolantes, s'annonce comme

1. Synonyme de çahti et issu de même racine. C'est aux bains sacres de Cad que ta pauvre Çakuntala perdra l'an- neau qui devait lui Bervir de Bigne de reconnaissance auprès du roi son séducteur.

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