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un immortel, el je veux savoir de toi, 6 héros sans tache, comment tu as pu y parvenir en échappant à tous les regards; car ma demeure est bien gardée, et les châti- ments du roi sont redoutables. » A la vierge de Vidar- bha Nala répondit en ces termes : « Apprends, ô belle, que je suis Nala, venu à toi comme messager des dieux: ils te désirent pour épouse, Indra, Agni, Varuna et Yama; élis l'un d'entre eux pour époux, ô délice des yeux. C'est sous leurs auspices que je suis entré sans être vu, sans que personne m'aperçût ni m'inquiétât. Voilà pourquoi, ô gracieuse, je te suis envoyé pur les meilleurs d'entre les dieux ; et maintenant, ô brillante, décide-toi selon ton désir. »

La prolixité, ici, ne laisse pas languir l'intérêt : le poète a senti battre deux jeunes cœurs, et l'on dirait que le sien s'esl mis à l'unisson. On voit en même temps, par ce seul exemple, ce que sont devenus, dans presque tout le poème, les dieux du védisnie primitif: un simple et banal décor; Varuna, le sévère régulateur des cieux, et Yama, le roi des morts, font la cour à une jeune fille.

Omettons, pour la retrouver ailleurs, la perle du folklore hindou, Oakuntalà. Un autre conte solaire, celui de Cyavana et Sukanyâ, malheureusement gâté dès l'époque des Brâhmanas par l'intrusion d'éléments liturgiques, débute par des scènes d'une piquante originalité. Le vieil ascète Cyavana a si longtemps gardé l'immobilité absolue, que des four- mis ont bâti tout le long de son corps un monticule où pousse le lierre : il est là, pareil à un tertre où

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