Aller au contenu

Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RAM n \N.\ LE STYLE ET L'ESPRIT 179

... i „•! saison des pluies étail venue et me gonflai! de ses délices. Le soleil avait cessé de boire les sucs de la terre incendiée doses rayons : il étail descendu vers la sinistre région des Mânes, el dans l'air rafraîchi pla- naient des essaims de joyeux nuages, salués des gre- nouilles, des paons el des coucous. Trempés comme des ermites au l>:iin. les oiseaux, de leurs ailes mouillées, gagnaient l'abri des arbres, dont le veut et l'ondée agi^ taient les cimes, et la montagne tout entière, bantée des coucous enivrés, sous l'estompe de l'averse, sem- blait un amas d'eau, el de ses roches s'échappaient, sinueux, les torrents aux Unis purs, blancs ou gris ou vermeils 1 . Temps propice! Armé d'arc et de flèches, monté sur mon char, ardenl à mon plaisir favori, je me dirigeai vers la Sarayû, pressé d'atteindre, à l'heure où les fauves 3 viennent boire, un éléphant, un buffle ..M une gazelle. Or voici qu'au sein des ténèbres j'en- tends sans rien voir le murmure d'une urne qu: s'em- plit : c'est, nie dis-je, un éléphant qui s'ébroue; je -ai^i- nne [lèche acérée, pareille au dard d'un serpent venimeux, el j<- me hâte de viser l'endroit d'où part le bruit. Il vole, le trait pareil au dard du serpent, et dan l'ombre rètentil aussitôt le cri perçant d'un pieux solitaire... J'aperçus alors, au boni de la rivière, l'ascète gisant,

1. Le char le ces stances descriptives n'échappera à

personne; mais elles apparaîtront d'autant plus belles, si l'on prend la peine de songer qu'elles constituent a peu près le l'iii^ ancien modèle connu de tableau de la nature hindoue. [*e Vôda ne décrit guère, tandis que la poésie postérieure s'en fait une fête : elle varie et décore plus ou m>>iii> habilement Bes clichés; mais en somme le premier

mérite en revient au vieux i te 'i"i a créé la lan

exquise >i" elle n'a eu que la peine de perfectionner.

�� �