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qu’ils enferment dans leurs plis. Cette lente élaboration bat déjà presque son plein, quand s’ouvre pour nous la période littéraire du védisme.


1. — Les dieux védiques


Agni, l’immortel à la face radieuse, nous est apparu dans le foyer de la demeure, mais il a deux autres hypostases tutélaires ou redoutables : feu de l’empyrée, le soleil et son œuf d’or ; feu de l’espace, l’éclair qui jaillit de la nuée. On parle donc de ses trois naissances, dont deux sont inaccessibles à l’homme, dont la troisième se cache au creux des bois du tourniquet. Problème enfantin et profond : comment le feu naît il sous l’action du villebrequin ? c’est apparemment qu’il est descendu du ciel, sous forme de pluie, dans les arbres qui ont fourni la matière des bois de friction ; il s’y blottit, mais la main de l’homme le force à se manifester. Ainsi Agni est partout dans l’univers, et, le premier avec Vâyu « le Vent », il suggère le concept de l’ubiquité invisible. Comme on l’allume ou l’attise avant l’aube, il est l’ami de l’Aurore et du soleil matinal : il les fait lever, ou du moins il leur sert de courrier, leur fraie la voie ; puisqu’il dissipe les ténèbres, il chasse les noirs démons, il brûle les sorciers dont la nuit couvrait les maléfices ; il est l’allié proche, la vertu divine, la pureté sans tache.

Indra, lui, est surtout la vigueur invincible, plu-