Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/37

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encore, en présence du soin pieux avec lequel les écoles brâhmaniques ont pourvu à la transmission orale de leur texte, des précautions prises pour n’en pas laisser omettre ou fausser une syllabe ou un accent. Tout bien pesé, tenant compte de la date à peu près certaine du bouddhisme (VIe-Ve siècle avant notre ère), et du temps qu’il faut laisser à l’évolution de la religion brahmanique entre le védisme pur et la prédication du Buddha, il est difficile de croire que les parties les plus ancienne du Rig-Véda soient postérieures à l’an 1000 ou même 1200 avant J. C ; le reste de la compilation védique, d’abord vers, puis prose exégétique, s’échelonnerait entre les deux dates extrêmes, soit de 1200 à 600. Mais on ne dépassera jamais, sur ce point intéressant, les probabilités en partie subjectives.

En dépit de sa respectable antiquité, le Rig-Véda n’est point un ouvrage anonyme. Tant s’en faut : nous possédons de longues listes des auteurs qui y ont isolément collaboré, plusieurs se sont nommés eux-mêmes dans leurs hymnes, et la division en livres repose précisément sur cette paternité traditionnelle : le livre III, notamment, relève du ŗşi (« sage ») Viçvâmitra, le Livre VII, du ŗşi Vasiçtha, deux saints personnages ou plutôt deux grandes familles sacerdotales dont les rivalités défraient largement la légende. Mais, de ces prêtres-poètes, nous ne savons guère que les noms encombrés par ailleurs de tant de mythologie que la lettre même