Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/44

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rières où la contient la métrique ; c’est surtout la lyrique lesbienne, par l’agencement en stances de trois, quatre ou cinq vers pareils ou différents ; et, naturellement, ce n’est rien de tout cela, mais la lyrique védique, merveille de souplesse et de majesté. Le vers de jagati (12 syllabes), qui commence et finit en iambes, s’enlève en son milieu sur le grand coup d’aile d’un dactyle qui plane ; celui de tristubh, le même, sauf suppression de la syllabe finale, gagne en poids et en ampleur ce qu’il perd en élan[1] ; l’anustubh, le mètre de la poésie calme et des sentiments moyens, déroule posément sa cadence iambique de huit syllabes, que contrarient sans la rompre maints savants artifices ; l’exquise dvipadâ virâj égrène ses seize mesures de valse lente, et les mètres simples, à leur tour, se combinent en entrelacements compliqués sans surcharge, dont l’oreille suit aisément le dessin.

Le style est à l’avenant : la brièveté de la phrase, qui généralement comporte une demi-stance et jamais plus d’une stance entière, lui interdit les

  1. 1. À titre d’unique spécimen, je transcris ici la dernière stance citée de L’hymne traduit plus bas (à l’Aurore) :

    syûmanâ vâca udiyarti vahni
    stavânô rêbha usasô vibhâtîh |
    adyâ tad uccha grnatê maghôni
    asmê âyur nididîhi prajâvat ||

    Il me semble qu’en prononçant correctement les longues et Les brèves, on ne pourra manquer d’éprouver l’impression d’un rythme à la fois très net et très varié.