Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/48

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voie des eaux, il a fendu les mamelles des montagnes. — Il a frappé Ahi qui gisait sur la montagne. Tvastar lui a forgé un foudre céleste. S’écoulant comme des vaches mugissantes, les eaux se sont ruées vers le grand réservoir. Pour faire œuvre de mâle, il s’est adjoint Sôma, à la triple cuve il a bu le pressurage ; il a empoigné, le généreux, sa massue foudroyante et frappé ce premier-né des Serpents. — ... L’être sans pieds ni mains a osé combattre Indra, qui de son foudre lui a broyé la tête ; Vrtra, l’eunuque qui voulait braver le mâle, a volé en mille éclats, el il gît. — ... Aux lits flottants qui jamais ne reposent baigne son cadavre ; les eaux traversent les entrailles de Vrtra ; l’ombre immense a couvert celui que combattit Indra… (I, 32.)

Le contraste est plus accusé encore entre Indra, bon soudard sans scrupules, et Varuna, le dieu immobile et immanent, le dieu moral qui recherche et punit le péché. Les Psaumes de la Pénitence, dont les poignants versets semblent entrecoupés de sanglots, n’ont rien de plus recueilli que l’humble prière de Vasistha.

Sages et grandes sont les essences de Celui qui étaya en les séparant les deux valves du monde : il a affermi la voûte haute et vaste, oui, et l’astre unique, et il a épandu la terre. — Et en moi-même je me dis : « Quand pénétrerai-je en Varuna ? quelle offrande de ma main apaisera sa colère ? quand pourrai-je, d’un cœur pur, éprouver sa merci ? » — Je m’enquiers de ma faute, ô Varuna, et veux la connaître : j’aborde les sages et les interroge : unanimes les prophètes m’ont dit : « C’est Varuna qui est irrité contre toi. » — Quelle est-elle donc, ô Varuna, cette faute si grave que tu veuilles