CHAPITRE IV
LA PHILOSOPHIE ORTHODOXE
Toute philosophie, dans l’Inde, est orthodoxe, à quelques hardiesses qu’elle s’emporte, pourvu qu’elle proclame l’autorité divine et infaillible du Véda, quitte ensuite à l’interpréter comme elle l’entend. Le bouddhisme lui-même aurait pu à ce prix échapper au reproche d’hérésie : c’est lui tout d’abord qui, volontairement, s’est exclu de la confession védique. Celle-ci, sans doute, a compté, comme toutes les confessions du monde, des zélateurs et des dévots, toujours prêts à qualifier d’athées (nâstikâs[1]) les philosophes que la lettre ne satisfaisait point ; mais, à la différence du bouddhisme, le brahmanisme n’eut jamais de conciles, partant point d’autorité suprême ni de dogmes définis ; il ne forma point, à proprement parler, une Église, les sectes les plus variées y prirent naissance, et l’on verra que, dans la suite, les brahmanes, bien loin de les excom-
- ↑ Ce mot est dérivé de nâsti = na asti « il n’est pas ».