Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/79

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munier, s’appliquèrent de tout leur pouvoir à les fondre dans le giron de leurs écoles. Aussi les systèmes philosophiques, si tardive qu’en émerge la documentation, nous apparaissent-ils, sinon comme aussi anciens que le Véda, du moins comme une de ses dépendances nécessaires. On sait, déjà que les Upaniṣads en font partie (p. 39) et que leur métaphysique abstruse est l’ultime aboutissant de la spéculation des Brâhmaṇas. De bonne heure, il y eut des théologiens, et aussi des princes amis du vrai, qui, maintenant à l’usage de la foule les vieux symboles sans lesquels elle ne saurait s’élever à la conception du divin, cherchèrent à en percer les voiles et à pénétrer jusqu’au cœur du mystère de l’univers. C’est vraiment l’originalité et la sagesse de cette pensée affranchie, d’être à la fois très libre et très conservatrice, de ne rien épargner et de tout laisser debout. Ne serait-ce pas l’union chrétienne des âmes et le commencement du règne de Dieu, qu’un Renan eût pu, sans hypocrisie ni concession, s’approcher avec sa mère de la Sainte Table ?

De cet enseignement ésotérique sont sortis six systèmes (çâstrâṇi, p. 51), qui se réduisent à trois, parce que chacun des trois principaux s’est dédoublé, ils nous sont connus dans leurs détails essentiels, soit par leurs documents originaux, de dates diverses, soit par les travaux d’un grand docteur dont le nom fait encore autorité dans l’Inde, Çaṃkara, l’orthodoxe et zélé adversaire du bouddhisme, qui