Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/94

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partie de l’Inde et y remportèrent sur la religion dominante nombre de succès partiels, dus à la faveur de rois fervents et convertisseurs, tels que cet Açôka, pieux bouddhiste, qui régna sur l’Inde septentrionale peu après l’invasion d’Alexandre, et qui nous a laissé, par ses édits gravés sur le roc, les plus anciens documents datés de l’histoire hindoue. Du Nord, le bouddhisme pénétra dans le Népal, où il fleurit encore, passa le Himalaya, et de proche en proche gagna le Tibet, la Chine, et enfin le Japon et I’Annam. Au Sud se forma un autre foyer de propagande : l’île de Ceylan, convertie au IIIe siècle avant J.-C., devint et est restée la citadelle inexpugnable du bouddhisme, poste avancé d’où il a rayonné sur la Birmanie, le Siam et l’archipel indo-malais. Ainsi les deux branches, séparées par des siècles de propagande divergente, sont venues se rejoindre sur le sol étranger, témoin et seul reste de leurs anciennes conquêtes.

Car, à part Ceylan, qui ne fait point partie de l’Hindoustan officiel, le bouddhisme, qui possède encore dans l’Extrême Orient des millions de sectateurs, n’en a presque plus dans son pays d’origine. Le dernier recensement accuse, sur 287 millions d’habitants pour la Péninsule, 208 millions d’orthodoxes, 57 1/2 millions de musulmans, et 8 1/2 seulement de bouddhistes et jaïnistes réunis. Comment le brahmanisme a, sans guerre, sans persécution historiquement démontrable, regagné