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INTRODUCTION


I. La première et indispensable condition, pour faire usage d’un dictionnaire étymologique, si modeste soit-il, c’est de se rendre un compte exact de la nature de la science étymologique en elle-même : elle ne consiste point à rapprocher au hasard deux mots qui se ressemblent dans deux langues plus ou moins différentes, mais à préciser, s’il se peut, les rapports nettement saisissables entre tous les mots d’un ensemble de langues qu’on a reconnues avec certitude pour être apparentées entre elles.

Supposons qu’un mot breton soit absolument identique à un mot japonais de même signification : ce sera une circonstance fortuite à peine digne de remarque, jusqu’au jour où l’on pourrait démontrer ou soupçonner que ce mot eût été, par exemple, rapporté du Japon par quelque matelot breton et naturalisé tel quel en Bretagne ; et, alors même, la constatation de cette identité demeurerait une curiosité isolée, presque sans intérêt, puisqu’il n’existe par ailleurs aucun lien historique ni linguistique entre la Bretagne et le Japon.

Entre deux langues, apparentées ou non, qu’unissent depuis des siècles des relations continues de voisinage et de commerce, la question se posera autrement : si un mot breton ressemble à un mot français de même sens, il n’est pas probable a priori que ce soit pur hasard ; et l’on se demandera, dès lors, si le breton l’a emprunté au français, ou le français au breton, et vers quelle époque ce transport s’est effectué. Mais, de plus, comme le breton et le français sont incontestablement, en dehors de leurs longues relations historiques,