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RA-RAṄKLEZ

R

Ra, particule marquant le subjonctif ; cf. cymr. ri- > rhy-, vbr. ro- > ru-, gaul. ro-, vir. ro- > ru-, ir. ro et gael. ro « très », particules intensives en composition et conjugaison : d’un celt. *ro pour *pro « avant », sk. prá, gr. πρὸ, lat. prŏ-, got. fra- (ag. fore, al. vor), lit. pra-, vsl. pro-, etc. Cf. 1 rak, lequel équivaut peut-être à un adj. dér. *pro-ko-.

*Ra-, particule verbale, tombée comme telle en désuétude, mais encore reconnaissable dans quelques dérivations, telles que ramps, reṅkout, réverzi, ros, diréza, etc. : identique au précédent.

Rabin, s. m., avenue. Empr. fr. ancien rabine « ravin », etc.

1 Rak, prép., devant, avant, cymr. rhag, corn. et vbr. rac id. : d’un celt. *rak pour *prak (dér. de *pro, cf. ra), qu’on peut rapprocher approximativement de sk. pràk « en avant », gr. πρόϰ-α « aussitôt », etc.

2 Rak, car : écourté de rak ma « parce que », où rak est identique au précédent. V. sous 5 ma et, pour le sens, cf. pérak.

Raktal, adv., de front > aussitôt. V. sous 1 rak et tâl.

Raden, s. m., fougère, mbr. radenn, corn. reden, cymr. rhedyn, gaul. ratis, ir. raith, ir. et gael. raith-neach > raineach id. : dér, d’un celt. *ra#-, pour *prati-, cf. lit. papàrtis, russe paporotï, dont le radical se retrouve dans sk. par-iyà « feuille », ag. fern et al. farn-kraut « fougère ».

Raé, s. m., raie (poisson). Empr. fr.

Ragéost, s. m., automne. V. sous 1 rak « devant »[1] et éost.

Rambré, s. m., rêverie, radotage : contamination possible de ambren et randon. V. ces mots, mais cf. ag. to r amble « errer ». — Conj.

Rampa, vb., glisser, mbr. rampaff. Empr. fr. ramper.

Ramps, s. m., géant, cf. ir. roimse « perche » : parait contenir le préf. ro- devant le radical de l’ir. mess « mesure[2] » > gael. meas « opinion », soit « grande taille ». V. sous *ra-, et cf. rems, mâd, amzer.

Ran, s. f., grenouille. Empr. lat. rāna > bas-lat. rána[3].

Raṅklez, adj., insatiable : dér. secondaire par rapport à cymr. rhangcol « très désireux », de rhangc « appétit ». — Étym. inc.

  1. Le sens peut être pris à la lettre : au mois d’août on a l’automne devant soi.
  2. La rac. bien connue MED « mesurer » (lat. mod-iu-s « boisseau », got. mit-an, ag. to mete, al. mess-en, etc.) n’a pas laissé de descendant direct en breton.
  3. D’où aussi fr. raine (rue Chantereine) et rainette.