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ROUFEN-RUSKEN

« chevaucher », vir. riad-ai-m « je me fais voiturer », gaul. latinisé rēda « char » ; exclusivement celto-germanique. — Uhlenbeck.

Roufen, s. f., ride, froncis. Empr. ag. ruff « froncis ».

Rouñ, s. m., gale. Empr. fr. rogne.

Rousin, s. m., résine. Empr. fr. altéré, ou ag. rosin.

Roz, s. m., rose. Empr. fr. rose ou lat. rosa.

Rozel, s. f., instrument à étendre et aplatir (raser) la pâte : soit un bas-lat. *rāsella, de lat. rādere. Cf. 4 râz, qui est celtique.

Rufla, vb., humer, renifler. Empr. fr. populaire r’nifler.

Rujôden, s. f., rouge-gorge : pour rûz-jôd-en. V. ces mots.

Ruḷa, vb., rouler, mbr. ruilhal, etc. Empr. roman *rodulyāre > *roûllar, dér. de lat. rotulus ou *rotillus, etc.[1] Ou simplement fr. rouller.

Rumm, s. m., nombre, espèce, génération, mbr. rum « bande ». Il importe de bien préciser la relation de ce mot avec ses quasi-homophones ou quasi-synonymes. On distinguera : 1° br. ra-m, qui peut procéder d’un celt. *roi-mo- et dont le seul répondant à ce degré vocalique est corn. ru-th « foule » ; 2° le cymr. rhi-f « nombre » et cyf-rif « calcul », qui ramène à un type de même rac, soit *rl-mo-, que reproduit ags. rim « nombre » et al. reim « cadence », cf. gr. ἀ-ριθ-μό-ς à rac. réduite (mais avec une épenthèse inexplicable) ; 3° enfin, sans rapport avec ceux-ci, vbr. pl. ruimmein et cymr. rhwym « lien », dont on ne sait que penser, mais qu’en tout cas il faut séparer de *rigmen-, dér. nt. d’une rac. RIG « lier », cf. vir. ad-riug et con-riug « je lie », lat. (peut-être empr. gaul.) cor-rig-ia « courroie », en sorte qu’il n’y a qu’homonymie superficielle entre cymr. cyfrifeX br. kéfré. V. ce dernier mot[2].

Rûn, s. m., colline, mbr. reân id. : soit un celt. *roino-, perdu ailleurs qu’en br. ; cf. al. rain « éminencc », d’où fr. ancien rain.

Rusk, ruskl, s. m., écorce, corn. ruse, cymr. rhisg, vir. rdsc, ir. ruse, gael. rùsg, gaul. romanisé *rûsca id.[3] : le mot parait celtique, mais emprunté au rameau irlandais par le corno-breton, qui autrement aurait Vi cymrique ; on ne lui connaît nulle part d’équivalent.

Rusken, s. f., ruche (faite d’écorce) : dér. de rusk.

  1. On voit que les congénères du fr. rouler datent en br. d’époques fort différentes : l’ordre chronologique de formation ou d’emprunt est rôd — rodel — rua — roll.
  2. Il est possible qu’il se soit produit, entre la plupart de ces mots, des contaminations très anciennes et par conséquent indéterminables.
  3. Qui semble attesté par l’ital. (dialectal) rusca et le provençal rusco « écorce d, le fr. ru&che a ruche ». V. le suivant.