Page:Henry - Lexique étymologique du breton moderne.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
238
SACHA-SAÔ


Sacha, vb., tirer. Empr. fr. (normand, picard) saquer ou espagnol sacar « tirer », contaminé d’empr. fr. ancien sachier « ensacher ».

1 Sac’h, s. m., sac, corn. et cymr. sach, vir. sacc. Empr. lat. saccus.

2 Sac’h, adj., stagnant : soit un celt. *stakko-, pour *stag-n6- 9 identique à lat. stag-nu-m dont Tétymologie est assez obscure. Cf. sler.

Sâl, s. m., manoir, salon. Empr. fr. salle[1].

1 Sâḷ, s. m., bond : abstrait de mbr. saillaffu sauter ». Empr. fr. ancien saillir (conservé dans tressaillir et assaillir) < lat. satire.

2 Saḷ, s. f., seau (aussi seḷ V.), mbr. sailh et seilh. Empr. fr. seilleià., du lat. situla, dont relèvent aussi fr. seau, ital. secchia, etc.

Sall, adj., salé : abstrait de mbr. sallaff. Empr. fr saler.

Salokrâs, terme de politesse : décomposer en *salo ho gras « sauf votre grâce », où le terme du milieu seul est breton.

Samm, s. m., charge, corn. sam (douteux). Empr. bas-lat. *sammu pour sagma (empr. gr. σάγμα), d’où aussi fr. [bête de] somme.

Sammédein (V.), vb., soupeser : dér. du précédent.

San, s. f., aqueduc, canal : abstrait de mbr. sanell « rigole ». Empr. fr. ancien chaignel > fr. chéneau. — Conj. Ern.

Sanab, s. m., morelle. Empr. lat. sinapi « moutarde ».

Sanaḷ, s. f., grenier, fenil. Empr. fr. altéré arsenal[2].

Saṅka, vb., enfoncer, planter, imprimer, cymr. sangu et sengi « fouler ». Empr. ags. sencan « enfoncer », causatif de sincan[3].

Saṅtol (V.), s. m., encan : la seconde syllabe parait être taol « coup » [4] ; le premier élément est inconnu, cf. safronei sardonen.

Saô, s. m., élévation, montée, lever, mbr. sqff (cf. saoen et séoel), etc. : soit une base celt. *sta-m- [5], sk. sthâ-man « place où on se tient debout », gr. στή-μεν-αι « se tenir », στή-μων et lat. sta-men « chaîne de tissu », got. stô-ma « matière », lit. sto-mu « stature » ; tous issus de rac. STÂ « se tenir debout », sk. ti-sth-a-ti^ sihi-tâ, stha-târ, etc., gr. ἵ-στη-μι) « je place », ἕ-στη-ϰε « il se tient », στα-τό-ς, etc., lat. stàr-e, sta-tu-s,

  1. Le sens « manoir » n’a dû appartenir d’abord qu’au pl. salou, puis a passé par abus au singulier.
  2. Où ar a été pris pour l’article breton. De plus l’emprunt procède sans doute d’une corruption populaire arfenallle s. f.
  3. Devenu ag. to sink. Cf. al. sinken « s’enfoncer » e^senken « enfoncer ».
  4. Vente au coup de marteau ou autre instrument.
  5. L’absence totale de nasale dans toutes les formes bretonnes ramènerait plutôt à un type *stab t cf. sk. stabh-nâ-ti « il étaie » ; mais celui-ci n’est après tout qu’une amplification ou une contamination de la rac. ci-dessus (sk. skabh-nd-ti id.).