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BÉVKKEZ-BKZVOUD


Bévérez, s. f. : vive (poisson mince et allongé) ; orpin, vermiculaire (plante à tige grêle et rampante). Empr. lat. vipera (d’où aussi fr. guivre, vouivre, vive), mais sans doute contaminé du vb. béva sous l’influence du fr. vive rapporté par fausse étymologie à vif et vivre.

Bévez, s. m., bienfait, aubaine : pour *benfaéz. Empr. lat. benefactum, et cf. benvek. — Conj. Ern.

Bévézi, vb., dépenser, dissiper : dér. de bévez.

Bévin, s. m., viande de bœuf. Empr. lat. adj. bov-înum[1].

Béz, s. m., fosse, tombe, corn. bedh, cymr. bedd, d’un celt. *bed-o « fosse » : rac. BHEDH « creuser », d’où gr. βόθ-ρο-ς (both-ro-s) ; « fosse » (pour ποθ-ρο-ς (*poth-ro-s) φοθ-ρο-ς (*photh-ro-s) ?), lat. fod-iô « je creuse », lett. bed-re « fosse », lit. bed-u « je creuse », etc., etc., ag. bed et al. bett « lit »[2].

Béza, vb., être. Le détail de la conjugaison compliquée de ce verbe n’appartient qu’à la grammaire : il suffit de constater ici que ses formes se ramènent en général, celles qui commencent par voyelle, à la rac. ES (sk. /te-li « il est », gr. ἐσ-τὶ (es-ti), lat. es-t, ag. e*, al. iW, etc., etc.), et celles qui commencent par b (> p), à la rac. BHU. V. sous bout.

Bézel, s. f., variante de 1 pézel. V. ce mot.

Bézin, s. m., algue, varech : correspond à une forme ancienne *gw-ethin, soit « sorte commune de brousse », vbr. ethin « plante broussailleuse », corn, eythinen, cymr. eithin, vir. aiicnn, ir. aitcann, gael. aitionn « genièvre » V. sous *gw-, mais cf. les notes sous baizik et bécen.

1 Bézô, s. m., bouleau (singul. bezcen), corn. bedeœen « peuplier », cymr. bedw et bedwen « bouleau », ir. belhe « buis », gaul. betu-lla (d’où fr. boul-eau), lat. betula « bouleau » : soit un radical celto-lat. *betu- et *beitco’, qu’on ne rencontre point ailleurs.

2 Bézô, adv., si fait : exactement « cela sera », futur de bèza.

Bézou, s. m., variante de bizou. V. ce mot.

Bézvoud, s. m., liseron : le premier terme paraît dér. de la rac BHENDH, qu’on trouvera sous boaz cf. le nom ag. bind-weed « plante qui enlace ». V. le second terme sous gwivoud. — Ern.


    b devient o, el gw devient w, el la différence de prononciation du o et du m n’est pas assez grande pour qu’il ne s’établisse pas entre eux quelque confusion. Cf. baille, bézin et autres transformations du préf. *gw, puis bestl qui a une variante gwestl, biouil, bugélen, etc. Mais cette concordance demeure suspecte, soit en elle-même, soit à raison des mutations protéiformes qu’elle semblerait autoriser.

  1. Le sens « maigre de lard » procède d’une extension.
  2. Primitivement « couche creusée dans le sol de la hutte ».