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dans l’amphithéâtre. L’homme — l’assassin — revient à la charge. C’est une nouvelle et hideuse blessure de plus, voilà tout. Le taureau, éperdu, mugissant, cherche à fuir ; nouveau coup d’épée : il vit encore ! Le matador, confus, blême, effrayé par l’orage populaire qui gronde autour de lui, frappe encore… À quatorze reprises, l’épée pénètre dans le cou, dans l’épaule, dans les flancs de la victime. La mort ne vient pas. La colère du public est à son paroxisme. De toutes parts on crie : « Assez ! sortons ; c’est une boucherie, nous nous déshonorons, fermez l’abattoir ! » Clameur immense, prolongée, formidable de vingt mille hommes debout, gesticulant, menaçant, montrant le poing au torero, pour mettre un terme à cet abrutissant scandale, invoquant l’intervention de l’autorité, qui reste immobile sur son siège ; on jette des oranges, des pierres, des chaises, tout ce qui tombe sous la main, à l’espada consterné.

Enfin, après un dernier coup, au milieu de ce tonnerre d’imprécations, de huées, de sifflets, de cris d’horreur, le taureau s’affaisse, tombe sur ses genoux, en face de la loge administrative comme pour demander grâce, et tend la tête au