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pasteur s’en nourrit et s’en trouve bien, nous pouvons sans crainte en faire usage. Ils en ont mangé, en effet ; car, en moins de dix ans, j’ai fait tuer 1,500 chevaux. De plus même, trois bouchers se nourrissent, ainsi que leur famille, de la viande de ces animaux[1]. La veille de la Pentecôte, c’est l’usage ici, dans cette capitale (Hanovre), de promener dans les rues, orné de guirlandes et de fleurs, le plus beau bœuf que l’on a pu trouver, afin de montrer aux gens quel beau rôti ils auront sur leur table. Cette année (mai 1856), notre équarrisseur s’est avisé de parer de guirlandes fleuries un gros et gras cheval boiteux, et par conséquent, destiné à la boucherie, puis de le promener aussi par les rues de la ville. Aujourd’hui j’en mange un rôti. »

L’homme est condamné, par sa nature, à entretenir sa vie aux dépens des autres êtres animés. Qu’il obéisse donc à ce besoin, mais qu’il se garde d’ajouter une souffrance inutile au sacrifice inévitable ! En me confiant, ainsi qu’à mon cher et zélé confrère, le docteur Carteaux, le soin d’étudier les procédés les plus prompts et les moins douloureux pour l’immolation des animaux de boucherie, la Société protectrice a répondu d’avance à l’objection précitée[2].

M’appuyant sur des faits avérés, je vais montrer quelles souffrances, quels barbares traitements et quelle triste fin sont réservés au vieux cheval. « S’il n’est pas livré à la boucherie, s’il est vendu pour en obtenir tous les services qu’il est encore capable de rendre, alors, dit M. Villeroy, commence pour lui une vie de misère, un véritable martyre. » C’est par un sentiment de compassion envers ces pauvres bêtes que les Sociétés protectrices, si nombreuses aujourd’hui, surtout en Allemagne, approuvent, bien plus, conseillent et recommandent d’envoyer à l’abattoir les chevaux devenus impropres au travail. Seule, la Société protectrice de Londres ne s’est pas, jusqu’ici, prononcée en faveur de l’hippophagie. Pour se saisir de la question, elle n’avait pas les mêmes motifs que les Sociétés du continent, les chevaux étant moins maltraités en Angleterre qu’en Allemagne, et la viande y fai-

  1. Pendant le cours de l’année 1860, 254 chevaux hors de service ont été abattus et ont fourni à la consommation environ 40,000 kilogrammes de viande et de graisse.
  2. Mémoire sur les Cruautés de l'abattoir. — Bulletin de la Société protectrice des animaux, 1860.