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Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/155

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consigné depuis longtemps dans le proverbe « le bonheur au riche, les enfants au pauvre, » a été signalé par Adam Smith, qui dit qu’il n’est pas rare de voir dans le Highland une pauvre femme à moitié morte de faim, avoir été la mère de vingt-trois ou vingt-quatre enfants ; il est partout si nettement visible qu’on doit seulement le rappeler en passant.

Si la loi réelle de la population se trouve ainsi toute indiquée, comme je crois qu’elle doit l’être, la tendance à l’accroissement, au lieu d’être toujours uniforme, est forte là où un accroissement de population donnerait un accroissement de bien-être, et là où la perpétuité de la race est menacée par une mortalité produite par des conditions adverses, et faible lorsque le développement supérieur de l’individu devient possible et que la perpétuité de la race est assurée. En d’autres termes, la loi de population s’harmonise avec et est subordonnée à la loi du développement intellectuel, et tout danger pour les hommes de se trouver dans un monde ne pouvant pas les nourrir, au lieu de provenir des arrangements de la nature, est au contraire produit par la mauvaise organisation sociale qui, au milieu de la richesse, condamne les hommes au besoin. La vérité de ceci sera j’espère prouvée d’une façon décisive quand, après avoir déblayé le terrain, nous chercherons les vraies lois du développement social. En parler maintenant, ce serait rompre l’ordre naturel du raisonnement. Si j’ai réussi à faire admettre une proposition négative — en montrant que la théorie de Malthus n’est pas prouvée par le raisonnement sur lequel elle s’appuie — c’est suffisant pour l’instant. Je me propose, dans le prochain chapitre, de prouver l’affirmative et de montrer que la théorie a les faits contre elle.