Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/259

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gérer plus que l’estomac d’un paysan français de stature égale ; cependant, alors que quelques mètres carrés de terrain auraient fourni le pain noir et les légumes qui constituaient la nourriture du paysan, il fallait des centaines, et des milliers d’acres pour répondre aux demandes du roi, qui, en plus des meilleures qua lités d’aliments pour son usage, avait besoin d’immenses pro visions pour nourrir ses serviteurs, ses chevaux et ses chiens. Et dans les faits ordinaires de la vie de chaque jour, dans les désirs non satisfaits, mais peut-être latents, que chacun a, nous pouvons voir comment chaque accroissement dans le pouvoir de produire une forme quelconque de richesse, doit avoir pour résultat une augmentation dans la demande de terre et des produits directs de la terre. L’homme, qui aujourd’hui se nourrit grossièrement et habite une petite maison, voudra, règle générale, si son revenu augmente, se nourrir d’une façon plus coûteuse, et se loger dans une maison plus grande. S’il devient de plus en plus riche, il aura des chevaux, des domestiques, des jardins, sa demande de terre augmentant avec sa richesse. Dans la ville où je demeure en ce moment, il y a un homme, — on trouvera son pareil partout, — qui jadis faisait lui-même bouillir ses fèves et rôtir son lard, et qui, maintenant qu’il est riche, a une maison énorme, consomme une bête entière par jour, a un train équivalent à peu près à celui d’un hôtel de première classe, a deux ou trois maisons de campagne entourées de grands parcs, un haras rempli de chevaux de race, une ferme modèle, un champ de courses privé, etc. Il faut certainement pour répondre aux demandes de cet homme mille fois, plusieurs milliers de fois, plus de terre qu’il n’en fallait lorsqu’il était pauvre.

Ainsi, toute amélioration ou toute invention, quelle qu’elle soit, qui donne au travail le pouvoir de produire plus de richesse, cause un accroissement de demande de terre et de ses produits, comme le causerait un accroissement de population. Ceci étant, chaque invention économisant le travail, que ce soit une charrue à vapeur, un télégraphe, un procédé nouveau pour