Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ainsi si une association d’imprimeurs a réussi par une grève à élever le salaire du compositeur de dix pour cent au —dessus du taux normal des autres salaires, la demande et l’offre sont immédiatement influencées. D’un côté il y a une tendance à diminuer la demande des compositeurs ; de l’autre, le taux élevé du salaire tend à augmenter le nombre des compositeurs de façon à ce que les plus fortes unions ne puissent empêcher ce double mouvement. Si cet accroissement était de vingt pour cent, ces tendances seraient encore plus fortes ; s’il était de cinquante pour cent, elles deviendraient de plus en plus fortes, et ainsi de suite. De sorte que pratiquement, même dans un pays comme l’Angleterre, où les séparations entre les différents métiers sont beaucoup plus nettes et plus difficiles à surmonter que dans un pays comme les États-Unis, ce que les trades unions, même en se soutenant les unes les autres, peuvent faire pour élever les salaires, est comparativement peu de chose ; de plus ce peu est limité à leur propre sphère, et n’affecte pas les couches inférieures des travailleurs non enrégimentés dont la condition est celle qui nécessite le plus d’amélioration et qui détermine en fin de compte l’amélioration des classes qui sont au —dessus d’elles. La seule manière dont les salaires puissent êtreélevés, d’une façon durable, par cette méthode, serait une organisation générale semblable à celle que poursuivait l’Inter nationale et qui comprendrait les travailleurs de tous les genres. Mais on doit renoncer à une semblable organisation qui serait pratiquement impossible, car les difficultés d’organisation déjà si grandes dans les métiers élevés et bien payés, deviennent de plus en plus considérables à mesure qu’on descend l’échelle in dustrielle.

Dans la lutte de patience, qui est la seule méthode que les associations ouvrières ne voulant pas reprendre le travail pour un salaire moindre qu’un minimum fixé, puissent employer pour faire monter les salaires, il ne faut pas oublier quels sont les adversaires réels en lutte. Ce n’est pas le capital et le travail.