Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/321

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Ce sont les ouvriers d’un côté, et les propriétaires de la terre de l’autre. Si la lutte était entre le travail et le capital elle se ferait en des termes plus égaux. Car la puissance du capital pour tenir bon n’est que d’un peu plus grande que celle du travail. Non seulement le capital quand il ne sert pas, ne rapporte rien, mais il perd, car sous presque toutes ses formes il ne peut être entretenu que par une reproduction constante. Mais la terre ne mourra pas de faim comme les travailleurs et ne diminuera pas comme le capital, ses propriétaires peuvent attendre. Cela peut avoir des inconvénients c’est vrai, mais, des inconvénients pour eux, c’est la destruction pour le capital, et la mort pour le travail.

Dans certaines parties de l’Angleterre les ouvriers agricoles essaient aujourd’hui de s’unir pour obtenir une augmentation dans leurs misérables salaires. Si c’était le capital qui recevait la différence énorme entre le produit réel de leur travail et la portion qu’ils en reçoivent, ils n’auraient qu’à se mettre sérieusement en grève pour avoir un succès assuré ; car les fermiers qui sont leurs patrons directs, ne peuvent pas plus continuer leur métier sans travail que les travailleurs ne peuvent travailler sans salaires. Mais les fermiers ne peuvent céder beaucoup sans une réduction de la rente ; et ainsi c’est entre les propriétaires et les ouvriers que doit s’engager la lutte réelle. Supposons qu’une association se forme, assez complète pour comprendre tous les ouvriers agricoles, et pour empêcher ceux qui le voudraient de travailler à leur place. Les ouvriers refusent de travailler à moins d’une grande hausse des salaires ; les fermiers ne peuvent donner cette augmentation que par une réduction considérable de la rente et n’ont qu’un moyen de repousser les demandes des ouvriers, c’est de faire comme eux, de refuser de produire. Si la culture arrive ainsi à un point mort, les propriétaires ne feront que perdre leur rente, pendant que leur terre s’améliorera en restant ainsi en jachère. Mais les ouvriers mourront de faim, Et si tous les ouvriers anglais