Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/371

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une fois à la possibilité d’un autre titulaire ; vous pouvez l’avoir fertilisée par votre travail, y avoir construit une demeure luxueuse ayant plus de valeur que la terre elle-même, ou une modeste maison que vous avez entourée de figuiers et de vignes et où vous comptez finir vos jours ; et malgré cela si Quirk, Gammon et Snap peuvent découvrir un vice de rédaction dans vos parchemins, ou quelque héritier oublié qui n’a jamais rêvé à ses droits, on peut vous enlever non seulement la terre, mais toutes les améliorations que vous aurez pu y faire. Et ce n’est pas tout. Suivant la loi commune, quand vous avez rendu la terre et abandonné toutes vos améliorations on peut vous demander compte des profits que vous avez tirés de la terre pendant que vous la possédiez.

Si maintenant nous appliquons à la cause du peuple versus les propriétaires, les mêmes maximes de justice que les propriétaires ont érigées en lois, et que les cours américaines et anglaises appliquent tous les jours dans les différends entre un homme et un autre, non seulement nous ne penserons pas à donner pour la terre une compensation quelconque aux propriétaires, mais nous leur prendrons toutes les améliorations et tout ce qu’ils pourront posséder en outre.

Mais je ne propose pas, et je ne crois pas que quelqu’un d’autre proposera jamais d’aller si loin. Si le peuple recouvre la propriété de la terre, ce sera suffisant. Que les propriétaires conservent sans crainte leurs améliorations et leurs biens personnels.

Et cette mesure de justice n’opprimera, ne fera tort, à aucune classe. La grande cause de la distribution actuelle inégale de la richesse, avec la souffrance, la dégradation, la ruine qu’elle entraîne, sera balayée. Les propriétaires eux-mêmes auront leur part du gain général. Le gain des grands propriétaires eux-mêmes sera réel. Le gain des petits propriétaires sera énorme. Car en accueillant la justice, les hommes accueilleront l’amour. La Paix et l’Abondance les suivront apportant leurs dons non à quelques-uns mais à tous.