Page:Henry George - Progrès et Pauvreté.djvu/451

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travail et son capital qu’il se crée des moyens d’existence. Sa perte serait nominale, son gain serait réel et grand.

À des degrés différents, ceci est également vrai de tous les propriétaires de terre. Bien des propriétaires fonciers sont des ouvriers d’une espèce ou d’une autre. Et il serait difficile de trouver un propriétaire foncier non ouvrier, qui ne serait pas aussi un capitaliste ; car, règle générale, plus le propriétaire est grand, plus le capitaliste l’est aussi. Cela est si vrai qu’ordinairement on confond les deux qualités. Donc, si mettre toutes les taxes sur la valeur de la terre cela réduisait largement toutes les grandes fortunes, cela ne laisserait cependant jamais l’homme riche sans ressources. Le duc de Westminster qui possède une partie considérable du site de Londres, est probablement le plus riche propriétaire du monde. Prendre tous ses revenus fonciers par un impôt ce serait donc réduire largement ses énormes revenus, mais lui laisserait encore toutes ses maisons et leurs revenus, et sans aucun doute de grandes propriétés personnelles sous d’autres formes. Il aurait donc encore tout ce dont il pourrait jouir, et en jouirait dans un état meilleur de société.

Les Astor de New-York resteraient aussi très riches. Et c’est ainsi, je crois, qu’on verra que cette mesure ne rendra plus pauvres que ceux qu’on pourrait appauvrir encore plus sans leur faire de tort réellement. Elle détruira les grandes fortunes, mais n’appauvrira personne.

Non seulement la richesse sera grandement accrue ; elle sera de plus également distribuée. Je ne veux pas dire que chaque individu aura la même somme de richesse. Il ne peut y avoir de distribution égale tant qu’il y aura des individus différents ayant des facultés et des désirs différents. Mais je veux dire que la richesse sera distribuée suivant le degré de travail, d’adresse, de science, de prudence qu’aura déployé chacun pour ajouter au stock commun. La grande cause qui concentre la richesse entre les mains de ceux qui ne produisent pas et l’enlève des mains de ceux qui travaillent, disparaîtrait. Les inégalités qui