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les titres de telle patricienne demeure nous livrent une lignée de possesseurs aussi continue que n'importe quelle dynastie de pha- raons. La qualité des résultats obtenus justifie pleinement le prodi- gieux effort de patience et de sagacité qu'a coûté la vaste enquête poursuivie par M. Félix Herbet. Le sous-titre du livre annonce une description de Fontainebleau au xvu siècle. Cette limitation dans le temps risque de donner au public une idée diminuée de l'œuvre, laquelle, en réalité, est d'une portée plus grande. Pourquoi M. Félix Herbet a-t-il ainsi, par une déclaration insuffisante, désavantagé le produit qu'il nous livre? Voici comment je crois qu'il faut expliquer le cas. L'auteur a fondé ses notices principalement sur des documents notariaux. Ce serait une fortune inouïe que tous les actes passés dans les études de notaires de Fontainebleau fussent conservés. Comme on le pense bien, il y a des manquants. Il est vrai que beaucoup de pièces, éva- dées de leurs dépôts d'origine, se retrouvent aujourd'hui dans le cabinet de M. Félix Herbet; mais il était inévitable que d'autres fussent anéanties au moment où ce refuge s'ouvrait aux vieux papiers de Fontainebleau dispersés à travers les deux mondes. Il est à remarquer, d'ailleurs, que les lacunes se répartissent inégale- ment selon les époques. Tandis que la littérature labellionnaire du xvrº et du xvm° siècle a subi des pertes sérieuses, les minutiers du xvn* siècle, soit que les officiers d'alors fissent meilleure garde, soit que les agents de destruction se relachassent, se présentent dans un état d'intégrité satisfaisant. Les documents de cette période se raccordent assez bien, et, par conséquent, les fails constatés se lais- sent emboîter les uns aux autres. Pour le xvi° siècle, M. Félix Herbet a pu réussir le vertigineux puzzle d'érudition qu'il s'était proposé. Or, M. Félix Herbet est un artiste de la construction historique qui porte au degré extrême le souci de la perfection. C'est le général qui ne consent à amener sur le terrain de la revue que des régiments où il ne manque pas un bouton de guêtre. Il n'a admis à la parade que les exemples qui s'alignaient irréprochablement. Mais c'est là affaire de coquetterie. Il n'a nullement refusé les notions dépareillées dont il n'est pas tenu compte sur l'affiche, et, en définitive, l'inventaire embrasse les trois derniers siècles de l'ancien régime. C'est seule- ment au moment de la Révolution, lorsque Fontainebleau va devenir l'un des deux cent cinquante chefs-lieux d'arrondissement de la