Page:Heredia - Discours de réception, 1895.djvu/11

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soi inconsciemment un passé séculaire. M. de Mazade était de bonne race. Il sortait d’une de ces anciennes maisons bien famées dans leur province, de noblesse plus vieille qu’illustre, où, suivant le hasard de la fortune et les besoins du temps, l’épée alternait avec la robe. On y compte des officiers, des commissaires et secrétaires royaux, des capitouls de Toulouse, des consuls de Montauban et, de père en fils, trois ou quatre capitaines forestiers des forêts royales de Montech, Escatalens et Saint-Porquier. Ces Mazade de Languedoc furent braves soldats, grands chasseurs et magistrats intègres, se battirent contre ceux de la Religion pour le Roi et le Pape, jugèrent selon la coutume, et, sans quitter leur pays, firent souche d’honnêtes gens. Ils étaient hommes d’action et ne semblent pas s’être embarrassés des choses de l’esprit. Pourtant, dès le xviie siècle, il en est un, Louis de Mazade, qui vint à Paris et fut surnommé le Philosophe, sans doute pour avoir décliné l’honneur de diriger l’éducation des enfants du duc d’Orléans, fils d’Henri IV. Le premier de sa famille, il mourut sans postérité, et fut d’une Académie, de l’académie des Jeux Floraux.

L’arrière-neveu du Philosophe, Julien-Bernard, rompit l’habitude sédentaire de la famille. Né à Montech en 1750, il n’y résida guère. Il fit de grands voyages et fut un des acteurs de la Révolution. Il avait occupé plusieurs postes de magistrature aux colonies, notamment à l’île de France, lorsque, en 1792, ses concitoyens de la Haute-Garonne l’envoyèrent à la Convention. Il se refusa à voter la mort du Roi et fut chargé de diverses missions aux armées de