Page:Heredia - Discours de réception, 1895.djvu/12

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l’Ouest, que commandait alors celui qui avait été le brillant Lauzun. Dans la Meurthe, il sauva la vie à Barbé-Marbois. Malgré tout, il vécut. Il siégea même au Conseil des Anciens et, après le 18 Brumaire, se retira dans sa province. Julien de Mazade fut du petit nombre de ceux qui sortirent de ce long et sanglant tumulte avec la vie sauve et la conscience nette.

« Mon grand-père avait été de la Convention pour la Haute-Garonne, dit M. de Mazade dans une note aussi simple que brève. Mon père était un magistrat de la vieille roche, de la haute tradition, qui a laissé des souvenirs d’honneur dans le pays ; c’était l’intégrité même dans la douceur. Il avait été procureur du roi à Castel-Sarrasin, où je suis né. » C’est en effet dans cette vieille ville gasconne, d’origine romaine, que naquit, le 19 mars 1820, Louis-Charles-Jean-Robert de Mazade-Percin. Sa mère était fille d’un magistrat qui avait été de la première Assemblée Législative. « C’était une femme de grande et simple vertu, dit son fils, très pieuse et très tendre. Veuve jeune encore, elle m’a élevé par la confiance et l’affection plus qu’autrement. Elle m’a laissé des traces indélébiles. » Délicat portrait, qu’une main filiale ose à peine indiquer ! Tous ceux qui ont eu ce même bonheur d’être aimés par une mère vraiment maternelle en seront touchés. On retrouve ces traces sacrées de je ne sais quelle discrète vertu dans le caractère aussi bien que dans l’œuvre de M. de Mazade. Il a dit vrai. Si nous tenons de nos pères ces traits mâles et singuliers qui marquent fortement la personnalité, c’est de nos mères que nous vient le meilleur de nous-mêmes.