Page:Heredia - Discours de réception, 1895.djvu/19

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Balmès, un Lamennais orthodoxe ; le duc de Rivas, soldat, ministre, diplomate, poète et toujours grand seigneur ; Espronceda, ce Musset d’outre-monts ; Larra, qui signa du pseudonyme de Figaro des fantaisies dignes de Beaumarchais, et, surtout, ce terrible duc de Valence, Don Ramon Narvaez, le tyran de la discipline, soldat aussi impitoyable qu’intrépide, qui se pouvait louer à juste titre, comme il faisait, d’avoir inventé l’art d’empêcher les conspirations. J’en passe, et des meilleurs, déjà oubliés. Les choses et les hommes vont vite dans cette Espagne, qui parut si longtemps immuable. Tout change, même la mode des révolutions. Seul le peuple n’a pas changé. Il est toujours noble, courageux, discret, libre et fier. L’Espagnol s’isole trop volontiers du reste du monde. L’Espagne et sa gloire lui suffisent, car il a gardé, avec une énergie jalouse, ce sentiment national qui fit sa grandeur dans le passé et qui la refera dans l’avenir.

L’Italie (s’en souvient-elle encore ?) eut en M. de Mazade l’un des premiers et des plus ardents ouvriers de l’œuvre de son unité. Il l’avait prédite. Dans l’Italie moderne, il a peint, suivant un mot célèbre, l’enfer politique et intellectuel qu’était, avant les guerres de l’indépendance, ce beau pays où naquit pour souffrir le dernier poète de la lignée dantesque, Leopardi. L’Italie et les Italiens est un éloquent plaidoyer en faveur de l’unité. Enfin, dans sa belle étude sur le comte de Cavour, il a fait revivre la figure de ce grand ministre aristocrate et populaire. L’idée de faire du Piémont le levier qui devait soulever l’Italie remonte au mystique Charles-Albert, plus