Page:Heredia - Discours de réception, 1895.djvu/18

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politique de la France et des pays latins, depuis la Révolution jusqu’à nos jours.

Au delà des frontières, M. de Mazade ne s’est réellement intéressé qu’à l’Espagne et à l’Italie. Pourtant, il ne faut pas oublier son dramatique récit des révolutions de la Pologne contemporaine. Il n’a jamais écrit de pages plus vibrantes. Je regrette aussi de ne pouvoir que mentionner rapidement son livre sur M. de Metternich. Qu’il est peint d’une main sûre et d’après le vif ce Chancelier d’ancien régime, si élégamment artificieux, souple, tenace, patient parce qu’il avait la fatuité de se croire éternel, qui fut, durant plus de quarante années, le négociateur attitré des grands intérêts européens, l’instigateur et le modérateur des crises, l’organisateur des coalitions, le notaire des mariages impériaux, l’arbitre des congrès, l’interprète et le gardien des traités, le dieu Terme des chancelleries classiques, ainsi que le définit un historien, le type enfin du Conseiller historique ! Mais, esprit essentiellement latin, M. de Mazade était plus apte à sentir, à comprendre et à expliquer l’âme latine. Son Languedoc touche de si près à l’Espagne, d’un côté, et, de l’autre, à la Provence, si proche de l’Italie.

L’Espagne, tout d’abord, l’attira. Il l’a toujours aimée. Dans ce Gascon de sang froid, il y a quelque chose de la gravité castillane. Le vaste tableau qu’il a esquissé de la vie sociale, politique, militaire et révolutionnaire au delà des Pyrénées a un peu vieilli et, par endroits, noirci. Quelques figures de premier plan s’y distinguent encore : Donoso Cortès, le penseur catholique dont il fut l’ami ;