Page:Heredia - Discours de réception, 1895.djvu/23

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Gouvion Saint-Cyr. Quelques-uns avaient servi dans l’ancienne armée, tels que Louis Davout. Le maréchal Davout est un des types les plus achevés de cette forte génération. Issu d’une famille noble de Bourgogne, il entra, au sortir de l’École militaire, dans le régiment de Royal-Champagne, fut emprisonné comme républicain, démissionna, rentra dans les bataillons de volontaires et servit brillamment aux armées du Nord et de l’Ouest. Malgré son républicanisme tout romain, il fut arrêté comme ci-devant par les terroristes. Le 9 Thermidor le délivra. À vingt-trois ans, il commandait une brigade. Il venait de se signaler devant Kehl, lorsque les préliminaires de Léoben arrêtèrent l’armée du Rhin.

Davout avait à peine entrevu Bonaparte à l’École militaire. Ils ne s’étaient plus retrouvés. Ce n’est qu’après Campo-Formio, en mai 1798, que Desaix le mena rue de la Victoire. L’entrevue fut courte et décisive. Le dernier des Romains, comme on l’appelait, avait rencontré César. Las des tyrannies de la liberté, il était prêt à subir le despotisme du génie. Il fut fasciné. Deux mois plus tard, il s’embarquait pour l’Égypte. Il commande la cavalerie à la bataille des Pyramides. Dans la Haute-Égypte, ses charges irrésistibles contre les mameluks de Mourad tirent des cris d’admiration à Desaix lui-même. Il délivre le Caire et, le 7 thermidor, an VII, la furie de son attaque décide la journée d’Aboukir. La convention d’El-Arisch est signée. Il quitte l’Égypte et rejoint le Consul à l’armée d’Italie où Desaix devait rester sur le champ de victoire de Marengo.

Dès lors, le jeune Davout montrait les vertus d’un chef