Page:Heredia - Discours de réception, 1895.djvu/25

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Eckmühl, Wagram. En 1811, il est à Hambourg, à l’avant-garde de la Grande-Armée. En 1812, entré des premiers en Russie, il combat à Mohilev, à Smolensk, est blessé à la Moskowa et reste à l’arrière-garde, pendant la retraite de ce qui avait été la Grande-Armée. En 1813, il est sur l’Elbe. Après Leipzig, il s’enferme dans Hambourg, y soutient un siège mémorable et n’en sort que sur l’ordre de Louis XVIII, avec son armée intacte, sans avoir capitulé. En 1815, aux Cent-Jours, il reparaît. Il est le dernier ministre de la guerre de Napoléon. Après Waterloo, il commande la dernière armée française, les brigands de la Loire. Je ne puis me tenir de citer quelques lignes de l’admirable lettre par laquelle il fit au Roi la soumission de l’armée : « L’esprit qui l’a toujours guidée, écrit-il, au milieu des événements de vingt-cinq années d’orages politiques, ses opinions, ses actes, la conduite de chacun de ses membres ont toujours eu pour mobile l’amour de la patrie, ardent, profond, exclusif, capable de tous les efforts et de tous les sacrifices, respectable dans ses erreurs et dans ses écarts même, qui força en tout temps l’estime de l’Europe et nous assure celle de la postérité… Depuis le moindre soldat jusqu’à l’officier du grade le plus élevé, l’armée française ne compte dans ses rangs que des citoyens. »

Tel fut Louis Davout, maréchal de l’Empire, duc d’Auerstaëdt et prince d’Eckmühl. Il mourut à cinquante-trois ans, chargé, semble-t-il, de tout un siècle de gloire.

L’unité définitive de la France fut consacrée par la