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LES TROPHÉES


C’est que, vengeur du Christ que le Croissant insulte,
Rodrigue de Bivar, vainqueur, rentre aujourd’hui
Dans Zamora qu’emplit un merveilleux tumulte.

Il revient de la guerre, et partout devant lui,
Sur son genet rapide et rayé comme un zèbre
Le cavalier berbère en blasphémant a fui.

Il a tout pris, pillé, rasé, brûlé, de l’Èbre
Jusques au Guadiana qui roule un sable d’or,
Et de l’Algarbe en feu monte un long cri funèbre.

Il revient tout chargé de butin, plus encor
De gloire, ramenant cinq rois de Morérie.
Ses captifs l’ont nommé le Cid Campeador.

Tel Ruy Diaz, à travers le peuple qui s’écrie,
La lance sur la cuisse, en triomphal arroi,
Rentre dans Zamora pavoisée et fleurie.

Donc, lorsque les huissiers annoncèrent : Le Roi !
Telle fut la clameur, que corbeaux et corneilles
Des tours et des clochers s’envolèrent d’effroi.