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LES CONQUÉRANTS DE L’OR

Arrondissant au loin son immense volute,
Frange les sables d’or d’une écume d’argent.

Et l’horizon s’ouvrit magnifique et changeant.

Les montagnes, dressant les neiges de leur crête,
Coupaient le ciel foncé d’une brillante arête
D’où s’élançaient tout droits au haut de l’éther bleu
Le Prince du Tonnerre et le Seigneur du Feu :
Le mont Chimborazo dont la sommité ronde,
Dôme prodigieux sous qui la foudre gronde,
Dépasse, gigantesque et formidable aussi,
Le cône incandescent du vieux Cotopaxi.

Attentif aux gabiers en vigie à la hune,
Dans le pressentiment de sa haute fortune,
Pizarre, sur le pont avec les Conquérants,
Jetait sur ces splendeurs des yeux indifférents,
Quand, soudain, au détour du dernier promontoire,
L’équipage, poussant un long cri de victoire,
Dans le repli du golfe où tremblent les reflets
Des temples couverts d’or et des riches palais,
Avec ses quais noircis d’une innombrable foule,
Entre l’azur du ciel et celui de la houle,
Au bord de l’Océan vit émerger Tumbez.