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LES TROPHÉES

Tandis que des cactus aux hampes d’aloès,
Les perroquets divers et les kakatoès
Et les aras, parmi d’assourdissants ramages,
Lustraient au soleil clair leurs splendides plumages,
Dans un pétillement d’ailes et de rayons,
Les frêles oiseaux-mouche et les grands papillons,
D’un vol vibrant, avec des jets de pierreries,
Irradiaient autour des lianes fleuries.

Plus loin, de toutes parts élancés, des halliers,
Des gorges, des ravins, des taillis, par milliers,
Pillant les monbins mûrs et les buissons d’icaques,
Les singes de tout poil, ouistitis et macaques,
Sakis noirs, capucins, trembleurs et carcajous
Par les figuiers géants et les hauts acajous,
Sautant de branche en branche ou pendus par leurs queues,
Innombrables, de l’aube au soir, durant des lieues,
Avec des gestes fous hurlant et gambadant,
Tout le long de la mer les suivaient.

                                                 Cependant,
Poussé par une tiède et balsamique haleine,
Le navire, doublant le cap de Sainte-Hélène,
Glissa paisiblement dans le golfe d’azur
Où, sous l’éclat d’un jour éternellement pur,
La mer de Guayaquil, sans colère et sans lutte,